Welcome to the United Nations
  • Michel Kafando, Special Envoy of the Secretary‑General for Burundi, briefs the Security Council meeting on the situation in Burundi. UN Photo/Eskinder Debebe
Michel Kafando, Special Envoy of the Secretary‑General for Burundi, briefs the Security Council meeting on the situation in Burundi. UN Photo/Eskinder Debebe

Security Council Briefing on the Situation in Burundi, Special Envoy Michel Kafando

Monsieur le Président,

Je voudrais vous féliciter sur l’occasion de votre présidence et vous offre tous mes encouragements.

 

Monsieur le Président,
Distingués Membres du Conseil de sécurité,
Mesdames et Messieurs,

Le rapport que j’ai l’honneur de présenter au nom du Secrétaire général, sous la cote S/2018/1028, passe en revue la situation au Burundi, ainsi que mes activités et celles de mon équipe durant la période du 10 août au 30 octobre 2018. Dans les considérations politiques du rapport, le Secrétaire général fait le point sur les tensions qui secouent la classe politique et qui se focalisent entre le Gouvernement et l’opposition. Le rapport évoque notamment le déficit de confiance et de dialogue entre le pouvoir et les partis de l’opposition, lesquels s’avèrent pourtant indispensables à la résolution de la crise en cours.

Depuis la parution du rapport, la situation politique a été dominée, au plan interne, par quatre faits majeurs : premièrement, le rejet par le Ministre de l’Intérieur, invoquant la violation de certaines dispositions de la loi sur les partis politiques, de la demande d’enregistrement du parti Front National de Libération/Amizero y’Abarundi, du leader de l’opposition Agathon Rwasa ; deuxièmement, l’appel lancé à l’Union Africaine et à l’ONU [le 9 Novembre] par la plateforme des partis de l’opposition extérieure CNARED (Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et la restauration de l’Etat de droit), leur demandent de prendre en main le processus du dialogue inter-burundais, pour éviter notamment le recours aux armes prôné par certains membres de l’opposition ; troisièmement, le renouvellement, jusqu’en octobre 2019, de mesures restrictives adoptées par l’Union européenne à l’encontre d’un certain nombre d’officiels et d’officiers burundais, pour « violations graves des droits de l’homme, ainsi que pour obstruction à la démocratie et aux efforts de paix en cours » ; et, enfin, le renouvellement, jusqu’en 2022, par l’Assemblée nationale burundaise du mandat de la Commission Vérité et Réconciliation, avec comme principale mission d’examiner les actes de violence commis de 1885 à 2008.


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs Membres du Conseil de sécurité,
Mesdames et Messieurs,

Plus fondamentalement, la situation politique a été largement dominée ces dernières semaines par la tenue de la cinquième session du dialogue inter-burundais sans, malheureusement, la présence du gouvernement, du parti majoritaire et de ses alliés. Les participants ont adopté leur feuille de route, rejetant ainsi de facto celle du Gouvernement adoptée en août, pour des raisons diverses, notamment l’absence de consultations préalables à son adoption.

Sur la base d’une synthèse des différentes propositions, le facilitateur, Monsieur Benjamin Mkapa, ancien Président de la République Unie de Tanzanie, a soumis au Médiateur le rapport final du processus de dialogue qu’il a mené.

Je saisis cette occasion pour réitérer l’hommage soutenu du Secrétaire général au facilitateur et au médiateur, pour leur engagement inlassable, en dépit du fait que cet engagement n’ait pas encore abouti à la conclusion d’un accord entre les parties intéressées.


Monsieur le Président,

La situation sécuritaire au Burundi est restée relativement calme pendant la période couverte par le rapport du Secrétaire général. Cependant, au début de ce mois, précisément, les médias on fait état de combats meurtriers à Uvira, en République Démocratique du Congo, qui ont opposé les Forces de défense nationale du Burundi à un groupe de rebelles armés, le Red Tabara. Et, ces incidents, confirmés par la RDC auraient fait de nombreux morts.

Le Secrétaire général relève dans son rapport que la situation des droits de l’homme au Burundi reste préoccupante. Il rappelle que le gouvernement n’a toujours pas repris la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Les violations des droits de l’homme et autres abus, tels que les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, et autres actes d’intimidation, persistent, tout comme les discours de haine, notamment à l’endroit des acteurs de l’opposition. L’espace démocratique, sauf pour certains partis alliés au gouvernement, reste restreint. S’agissant du dernier rapport de la Commission d’enquête sur le Burundi, le Secrétaire général déplore les propos inacceptables des représentants du gouvernement burundais contre ce rapport et ses auteurs.


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs Membres du Conseil de sécurité,
Mesdames et Messieurs,

La situation humanitaire demeure préoccupante. En effet, on estime à près de 1,7 million le nombre de personnes menacées par l’insécurité alimentaire. Et je voudrais ici, réitérer les préoccupations du Secrétaire général face à la détérioration continue la situation socio-économique du pays et à l’insécurité alimentaire qui affecte de nombreux Burundais. Le Secrétaire général se réjouit des démarches déjà entreprises par le gouvernement et les ONGs internationales pour relancer leur coopération. À cet égard, nous continuons à encourager le gouvernement à faire preuve de flexibilité, pour le bien-être des populations les plus vulnérables.

De janvier à octobre 2018, près de 52,260 réfugiés sont retournés au Burundi, dans le cadre du programme de rapatriement volontaire, notamment de la Tanzanie. Il resterait encore un peu plus de 380,000 Burundais dans la région, dont 227,510 en Tanzanie. A cet égard, le Secrétaire général encourage le gouvernement à poursuivre sa collaboration avec le HCR, à garantir le caractère volontaire du rapatriement et un retour dans la dignité, et à assurer la réinsertion des personnes concernées dans leurs communautés d’origine ou d’accueil.


Monsieur le Président,

En un mot, il ressort du rapport du Secrétaire général que la situation au Burundi demeure fragile, en raison notamment de l’absence d’un dialogue politique inclusif, mais du fait aussi des difficultés humanitaires, économiques et financières, et aussi des menaces sécuritaires. Après plus de trois années d’efforts inlassables, à travers le processus de dialogue inter-Burundais, il est nécessaire que les Nations unies, l’Union africaine, la sous-région et les partenaires du Burundi réévaluent les voies et moyens pour aider le Burundi à sortir de la crise politique actuelle. Cette réflexion devrait être amorcée, en tout premier lieu, par les Burundais eux même et ensuite par la région.

Le Secrétaire général se félicite de la tenue projetée d’un sommet ordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est, et espère ardemment que la question burundaise y sera examinée. En fonction des conclusions et surtout des recommandations qui en émaneront, la Communauté de l’Afrique de l’est, les Nations unies, et l’Union africaine devront procéder à une réévaluation de leurs engagements pour aider le Burundi à sortir définitivement de la crise surtout dans la perspective des élections de 2020.

Je tiens à remercier les autorités burundaises, pour les égards apportés à mon bureau et à ma personne et, de façon plus générale, à la famille des Nations unies au Burundi.


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs Membres du Conseil de sécurité,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de votre aimable attention.