Presentation au Conseil de Sécurité au sujet de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies (ONU) et les organisations régionales et sous-régionales, et du rôle dans ce cadre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OiF) par la Sous-Secretaire Générale pour l'Afrique Bintou Keita
Monsieur le Président,
Distingués membres du Conseil,
Je vous remercie de l’opportunité de m’adresser au Conseil de sécurité au sujet de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies (ONU) et les organisations régionales et sous-régionales, et du rôle dans ce cadre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OiF).
Le moment est particulièrement opportun pour se pencher sur le partenariat avec l’OiF puisque nos deux organisations célèbrent cette année des anniversaires importants : cinquante ans pour l’OiF, et soixante-quinze ans pour l’ONU.
Aujourd’hui, nous travaillons, ensemble avec l’OiF, pour la promotion de la paix et de la sécurité internationales, notamment à travers l’alerte précoce et la prévention des conflits, et le maintien et la consolidation de la paix. Nous sommes aussi partenaires dans la promotion du développement durable, de la bonne gouvernance, de la démocratie, de l’Etat de droit, des droits humains et de l’inclusion des femmes et des jeunes.
Notre partenariat est ancré au plus haut niveau, telle que le démontre la présente session du Conseil de Sécurité et l’adoption régulière par l’Assemblée générale de résolutions sur la coopération entre les Nations Unies et l’OiF, dont la dernière remonte au 15 avril 2019. Enfin, les contacts entre le Secrétaire général des Nations Unies et la Secrétaire générale de l´OiF, Madame Louise Mushikiwabo sont réguliers. Les interactions du Secrétaire général et le Secrétariat avec le Groupe des ambassadeurs francophones sont tout aussi fréquentes.
Monsieur le Président,
Distingués membres du Conseil,
Permettez-moi de mettre ici l’emphase sur les domaines de notre collaboration en matière de paix et sécurité. Notre coopération étant riche et multiforme, et le temps imparti pour cette présentation limité, les exemples que je citerai sont simplement illustratifs et non pas exhaustifs.
En premier lieu, je tiens à saluer le travail conjoint des Nations Unies et de l’OiF dans les domaines de l’alerte précoce et de la prévention des conflits, ainsi que dans l’assistance électorale et l’observation des processus electoraux. Récemment, les Nations Unies et l´OiF ont coopéré dans ces domaines au Benin, au Burkina Faso, au Cameroun, aux Comores, au Gabon, en Guinée, au Madagascar, en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC). La réunion quadripartite sur le Cameroun entre le Secretariat des Nations Unies, l’OiF, le Commonwealth et l’Union africaine, tenue le 20 juillet dernier, est un exemple de coopération élargie en matière d’alerte précoce et de prévention. Toujours en matière de prévention, l’OiF un rôle important dans la mise en place du Réseau francophone de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme (FrancoPREV) pour mobiliser les compétences francophones sur cette question d’actualité internationale. C’est un apport considérable, en particulier dans le Sahel.
La prévention des conflits repose aussi sur la promotion de sociétés pleinement inclusives, notamment des femmes et des jeunes. C’est un domaine essentiel de la collaboration entre les Nations Unies et l’OiF. En, effet, il nous faut redoubler nos efforts pour promouvoir l´implication des femmes et des jeunes dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits, ainsi que dans les processus électoraux. Cet engagement s´inscrit dans la mise en œuvre de la résolution 1325, qui fête son vingtième anniversaire cette année. Il s’inscrit aussi dans le sillon de la résolution 2250 sur la jeunesse, la paix et la sécurité. La nécessité impérieuse de la juste inclusion des femmes et des jeunes dans tous les aspects de la vie de la société et de la communauté internationale est une évidence inéluctable. En effet, ne serait-ce que dans le monde francophone, qui compte quelque 274 millions de locuteurs et locutrices à travers 54 Etats, les femmes représentent, bien évidemment, la moitié de la population, et jeunes de moins de 30 ans -- la majorité. Notre partenariat avec l’OiF pour la mise en œuvre de la Stratégie pour la parité du personnel en uniforme des Nations Unies, adoptée en janvier 2019, visant au renforcement des effectifs féminins francophones en uniforme, est une modeste contribution dans cet effort.
Deuxièmement, je salue le soutien important que les États membres de l’OiF apportent aux opérations de maintien de la paix, dans l’esprit du partenariat ancré dans l’initiative « Action pour le maintien de la paix » (A4P). Dans le A4P, l’OiF coparraine (est championne) du thème de la Performance et Responsabilité. Dans cet objectif, nous déployons des efforts conjoints avec l’OiF pour accroître le niveau d’effectifs francophones, civils et en uniforme, dans les opérations de maintien de la paix déployées dans des pays hôtes francophones, y compris à travers des formations en français. Nous encourageons les États membres de l’OiF à poursuivre leurs efforts de renforcement des capacités du personnel civil et en uniforme francophone, notamment pour leur permettre d’accéder à des postes de haut niveau dans les opérations de maintien de la paix, et au-delà. Enfin, nous partageons avec l’OiF l’appui fort que nous apportons au G5-Sahel, notamment à travers notre soutien pour le Programme d’Investissement Prioritaire du G5-Sahel et à la Force conjointe du G5-Sahel. La Force conjointe, en particulier, continue sa montée en puissance, et mérite de bénéficier d’un appui international renforcé.
Enfin, il importe de souligner le rôle important de l’OiF dans le domaine de la consolidation de la paix, en coopération avec diverses organisations qui jouent chacune un rôle aussi unique qu’essentiel. Je salue notamment la participation de l’OiF aux travaux de la Commission de consolidation de la paix consacrés au Burundi, à la Guinée, à la Guinée-Bissau et à la République centrafricaine, ainsi que dans des réunions ad hoc de la Commission sur d´autres pays francophone affectés par les conflits.
Dans tous nos domaines de partenariat avec l’OiF en matière de paix et de sécurité, nous appuyons et promouvons ensemble le multilinguisme. En effet, nous souscrivons à l’idée que la diversité, notamment linguistique, est l’une richesses du patrimoine culturel de l’Humanité. Par conséquent, nous œuvrons, ensemble, pour la célébrer et la protéger.
Monsieur le Président,
Distingués membres du Conseil,
La pandémie du COVID-19 a souligné la nécessité d'un multilatéralisme renforcé et renouvelé pour faire face aux défis de nos temps. La coopération au sein et entre organisations internationales est un des piliers du multilatéralisme. Le partenariat étroit entre les Nations Unies et l’OiF s’inscrit pleinement dans cette logique.
Dans ce cadre, permettez-moi de me réjouir de la présente visioconférence publique du Conseil de sécurité sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, et avec l’OiF en particulier.
Je vous remercie.